Le moment captif du dimanche : croisement de béton
"[...]Chaque ville diffère de toutes les autres : il n'y en a pas deux semblables. Et une ville a des émotions d'ensemble." [John Steinbeck]
Elle est belle la ville. Je l'aime bien la ville. Avec ses belles maisons, ses beaux parcs, ses gratte-ciel, grafittis, ses ruelles, ... J'aime même ses échangeurs mal-aimés, d'une beauté bétonnée, d'un majesté démesuré à la limite du disgrâcieux.
Ils sont parfois vieux, trop vieux. Ils ont perdus de leur lustre. Les cicatrices et les béquilles les agressent. Mais ils résistent et s'entrelacent dans une danse sans fin.
Ils se couvrent et se découvrent. Ils s'entrecoisent et se caressent presque. On ne pourrait que voir leur laideur cimentée par leur utilité, leurs défauts de fabrication, leur grisailles fanées et jaunâtres. Ils bloquent le ciel et la végétation. Ils font obstacles au bleu et au vert.
Mais je ne peux m'empêcher d'y voir un ballet de routes liées et déliées. Et d'admirer leur existence concrète ainsi que les absences qui laissent percer un peu de ciel, un peu d'espace et toujours et partout la nature qui déchire le béton. J'aime cet entrelacement de possibilités, cet enchevêtrement de féerie urbaine.
"La plus grande beauté d’une ville n’est pas dans les édifices, elle est dans l’espace libre entre les édifices. Les grands artisans de villes sont des sculpteurs d’espace." [Georges Duhamel]